La Terre Pleine, du Temps qui passe

Évoquer la terre, c’est surtout parler du temps. Comment les années sculptent nos paysages, Et les communautés qui les habitent ?

Dans le bassin minier du Nord de la France, une ancienne fonderie du nom de Metaleurop, a tout contaminé. De ses métaux lourds, tout le vivant est empoisonné. Sols, plantes, potagers, animaux et êtres humains. Le plomb que charrie la terre passe surtout dans l’organisme des enfants, malades du saturnisme, ralentis par cette maladie qui réduit les capacités cognitives de manière irréversible. Combien ont été touchés depuis que l’usine s’est installée en 1894 ?

Ici, le temps ne s’écoule pas pareil.

Ici, la terre est pleine du temps qui passe et qui infeste. Le temps qui abîme, défait ce que la nature a si sagement édifié. Alors les journées sont longues, vides. Le fond de l’air est lourd d’un mal qui ne partira jamais. C’est l’un de ces coins où les existences ne peuvent pas tracer de sillons comme ailleurs ; la terre les rejettent. Les anciens parlent du temps où les animaux tombaient dans les champs, les plus jeunes évoquent un avenir où plus grand-chose ne pousse dans les environs.

Tous parlent du temps qui reste et qui s’en va.